LBDLC (histoire à tiroirs)
(Je réunis ici tous les posts "LBDLC" publiés dans la semaine, au rythme d'un post par jour)
En relisant "Les Bijoux de la Castafiore", je me suis dit que c'était vraiment l'album ligne claire ultime, épuré jusqu'à ce que l'histoire se réduise à un enchaînement burlesque de faux départs et de non-événements. Ne reste plus que la mécanique, qui tourne toute seule, on n'a plus besoin de l'aventure mais seulement de sa logique, de son rythme, de son écriture.
Furieuse envie de décortiquer l'album concept, de ranger tout ça,
thématiquement ou formellement, de découper et mettre à plat Tintin,
puis de le ranger dans des tiroirs avec une étiquette dessus.
J'y reviendrai de temps en temps
-TIROIR "SUSPENS ET FIN DE PAGE"
Où la communication moderne pose problème...
-TIROIR "TÉLÉPHONE"
Je disais que j'allai y revenir de temps en temps, il semblerait que je suis plutôt parti pour faire un tiroir par jour.
On verra bien jusqu'où ça va.
-TIROIR "SANS PAROLES"
Il fallait bien sûr ranger ces moments, faux suspens, running gag dont la couverture de l'album est le premier temps, humour à tiroir aussi bien dans l'hystérie de la Castafiore que dans le sourire en coin d'Hergé qui relance à chaque fois l'aventure pour mieux l'éventer.
-TIROIR "CIEL MES BIJOUX"
Reçu un mail d'Arnotte, qui me dit : "J'adore tes décorticages tintinophiles... Y aurait-il moyen d'en faire un avec la marche cassée ?"
C'est exactement ce que je venais de préparer, un tiroir sur cet autre running gag de l'album. La logique des Bijoux de la Castafiore est décidément implacables, la mécanique parfaite, les tiroirs se font d'eux-mêmes, dans une certaine évidence.
-TIROIR "ESCALIER PIÉGÉ"
Où l'on peut voir que la musique chez Tintin est souvent pénible, agressive ou mécanique, sauf quand elle est en couleur.
-TIROIR MUSICAL
Il y a deux scènes de télévision dans Les Bijoux... Une scène de
tournage et une scène de visionnage. Je n'ai pas pu m'empêcher de les
entre-mêler.
Je ne peux pas m'empêcher non plus d'y voir aussi une
représentation du studio Hergé, juste milieu au moment des Bijoux entre
l'équipe technique qui construit consciencieusement un récit classique et le
savant fou qui part dans des expérimentations formelles (involontaires
ou non).
Dans cette scène, Hergé n'est il pas à deux doigts de
Warholiser la Castafiore et les Dupondt ? Oh tiens, Les Bijoux... c'est
1963, en pleine explosion du pop art américain (et cette case finale,
ne serait ce pas un clin d'œil ironique à l'optic art naissant ?). Mine
de rien Hergé est bien un homme de son temps.
-TIROIR "LA MODERNITE"
Le Tintin de la couverture me regarde, il me fait "chut", le doigt
posé sur sa bouche, manière de dire que tout ça doit avoir une fin.
C'est peut être le moment d'arrêter le classement obsessionnel.
Pour
finir donc, un tiroir vide, pour y mettre tout ce que je n'ai pas
encore rangé, ou au contraire pour ne rien y mettre du tout, et laisser
la Castafiore en paix.
-TIROIR VIDE